En République démocratique du Congo (RDC), l’année 2023 est essentiellement électorale. Les congolais seront une fois encore appelés dans les urnes pour élire les nouveaux  dirigeants des institutions et conférer la légitimation à celles-ci.

À plusieurs mois de ce rendez-vous, Félix-Antoine Tshisekedi semble se mettre en évidence la grandeur de cet enjeu. Ainsi, pour un challenge aussi costaud, Fatshi est désormais en train d’encercler le pays. Peur de l’échec au futur scrutin ? Logique, pour une élection non pas la moindre. Mais celle du président de la République d’un pays sous-continent au cœur de l’Afrique, convoité de par le monde, au regard de sa position géopolitique et des ressources de son sol et sous-sol.

Pour revenir à l’encerclement, il est mieux de lever l’esprit, lire entre lignes, se mettre à l’idée que le Béton national est en train de larguer quelques leaders sur terrain, notamment à l’Ouest, au Centre et à l’Est, lesquels leaders font le boulot de vendre la marque Fatshi dans le Congo profond.  Tshisekedi, à la lumière du passé politique de la République démocratique du Congo (RDC), n’est pas sans ignoré qu’aucun leader politique congolais ne peut gagner seul les élections, dans un pays 80 fois plus grand que la Belgique. D’où sa stratégie de s’appuyer sur quelques leaders congolais, avec lesquels il a tissé des alliances. Ces dernières s’imposent au regard de l’immensité du pays. Et à travers celles-ci (alliances), Tshisekedi veut fédérer la majorité de la population congolaise à sa recette politique.

En Ligne d’attaque, Bahati, Bemba et Kamerhe

Ils sont tous de l’Union sacrée. Un cartel politique mis en place en décembre 2020 par Félix-Antoine Tshisekedi, après la chute de la coalition Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (CACH).    Pour nombre d’observateurs, ces leaders sont régulièrement à cheval entre Kinshasa et leurs différents fiefs.  Dans la partie orientale du pays. Modeste Bahati Lukwebo est le premier à avoir donné le go de cette descente à la base. Le leader de l’AFDC-A était, il y a plusieurs semaines dans les deux provinces du Nord et Sud-Kivu. Dans cette contrée, le président du Sénat a appelé les populations kivutiennes à soutenir la candidature de Félix Tshisekedi aux élections de 2023.

Et ce n’est pas tout. Pour le même espace oriental, Tshisekedi doit également compter sur Vital Kamerhe, une autre grande figure du Sud-Kivu et allié de taille de l’actuel président congolais. Quelques mois après sa sortie de prison, le pacificateur est déjà à l’offensive dans cette partie du pays prise à partie par l’insécurité due à l’activisme des groupes armés dont les ADF et le M23 sont parmi les plus redoutables. En caravane de paix depuis quelques jours, Kamerhe est en train de proposer également sa recette pour la fin de l’insécurité et le retour de la paix.

À l’Ouest, Tshisekedi compte sur l’apport de Jean-Pierre Bemba Gombo, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC). Surnommé Bayi Moto, il ne semble plus être intéressé à sa propre candidature à la magistrature suprême. Il est désormais l’homme qui fait du boulot en faveur du Béton dans la grande et ancienne province de l’Équateur.  Il y travaille d’arrache-pied afin de permettre à Fatshi une majorité en 2023. À l’egard de ce désistement et désintéressement, nombre d’analystes à Kinshasa ou ailleurs, ont délié leurs langues pour soutenir qu’en échange, le chairman du MLC aurait bénéficié des facilités judiciaires. Retour de l’ascenseur ?

Suspens dans les provinces du Grand Katanga, Grande Orientale, Grand Bandundu

Si dans l’espace Kasai, Félix-Antoine Tshisekedi, le président congolais y a séjourné et a lancé les travaux de la route Kananga-Kalamba Mbuji, Jean-Michel Sama Lukonde, lui, y séjourne et a procédé    au lancement des travaux de quelques projets dans ce coin du pays. Il s’agit, pour plusieurs, d’une manière pour le président de la République de se racheter auprès des peuples Kasaïens.

Au  Grand Bandundu, Katanga et Grande Orientale cette fois-là, le suspens est total. Tshisekedi n’a jusqu’ici personne. S’agissant du Katanga, Katumbi, quoique dans l’Union sacrée, semble prendre ses distances de celle-ci.
Après la mort en août dernier, de Kyungu Wa Kumwanza, allié de taille de Fatshi, le Katanga semble être vide.

L’autre énigme c’est qu’en face, Tshisekedi ignore ce que pensent Kabila-Katumbi-Fayulu-Muzito et tous les autres. Aussi, après qu’une partie d’intellectuels congolais aient incité le gynécologue Dénis Mukwege à postuler à la magistrature suprême, l’on devra s’attendre à plusieurs autres surprises, affirment les mêmes observateurs.

Ceci explique-t-il ce quadrillage du pays par le président Tshisekedi, candidat à sa propre succession ? À suivre…

Giscard Havril