Ils sont ramenés manu militari. Ils sont arrêtés en grande pompe et jugés de manière spectaculaire, mais à la fin, ils sont acquittés, soit condamnés et relâchés. La prison centrale de Kinshasa accueille les grandes personnalités du pays (gros poissons), mais les vomissent au plus vite. État de droits ou spectacle de droits ?

Au sortir de la prison, ces gros poissons sont capables de faire une remontada. Comme dans l’histoire de Joseph dans la bible, dans le livre de Genèse. C’est-à-dire, ils peuvent sortir des décombres du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), pour assumer des fonctions au sommet de l’Etat. C’est le cas de Vital Kamerhe par exemple, un ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat condamné pour détournement puis acquitté.

À ce jour, il est élevé au rang de vice-Premier ministre en charge de l’Économie, un poste qu’il va assumer dans un contexte particulier de la flambée de prix sur le marché sur fond de la dépréciation de la monnaie locale. Un défi à relever pour les élections à venir, mais aussi un challenge pour prouver la solidité de la coalition retrouvée.

Les directeurs généraux de quelques entreprises publiques ont aussi séjourné dans l’une des chambres de la prison Makala, pour détournement, notamment et plusieurs autres griefs décelés dans l’exercice de leurs fonctions, mais ils sont tous dehors, acquittés. Mais les bruits de l’acquittement sont différents de l’arrestation. Ce spectacle désolant laisse l’indignation dans le cœur de ceux qui ont cru à un vrai état des droits. Le dernier cas de figure est celui de l’ancien directeur général de la Société nationale de l’électricité (Snel) Jean Bosco Kayombo acquitté après plus de trois mois de détention.

Loin de nous l’intention d’être prophète de malheur et dire qu’ils sont toujours coupables, il y a de très fortes chances qu’ils soient innocents. Mais dans ce cas de figure, la question se pose. Où sont partis les fonds dits détournés ? Que deviennent les dénonciations de l’Inspection générale des Finances (IGF) ?

Les ministres, députés, anciens proches du Président, les membres du cabinet du président, bref des grandes personnalités y ont aussi séjourné. D’autres sont jusqu’à présent logés dans les chambres de la prison pour leur situation, parfois, ils sont acquitté pour « insuffisance des preuves » soit leur peine commuée, mais la chose en échange reste secrète. D’autres des temps en temps quittent le pays pour des raisons de soins, mais ils rentrent très rarement pour continuer leur procès.

« Tout ceci n’arriverait pas si la politique n’avait pas d’emprise sur le pouvoir judiciaire. Les magistrats sont majoritairement désignés par les politiciens, même si le Conseil supérieur de la Magistrature a aussi une part », déplore un juriste sous couvert d’anonymat.

Son regret est d’autant pertinent parce que la loyauté à son autorité morale est le maître-mots dans la scène politique congolaise. Les corps judiciaires sont loin de déroger à cette règle.