Un groupe armé banyamulenge, les Twigwaneho prend de l’ascenseur dans l’est de la République démocratique du Congo. Dans une enquête publiée lundi 16 janvier par le média Africa intelligence, Washington et Kinshasa soupçonnent un vaste réseau, opérant sous couvert d’une association humanitaire américaine, de financer les milices communautaires banyamulenge.

A en croire cette enquête, le FBI et le service de renseignement congolais ont identifié des flux estimés à plus d’un million de dollars dont une partie est suspectée d’avoir servi à l’effort de guerre aux confins du Sud-Kivu. Ils soupçonnent l’existence d’un financement de leur effort de guerre depuis les Etats-Unis.

Retranché sur les hauts plateaux surplombant le lac Tanganyika, Michel Rukunda (dit Makanika), le chef des Twigwaneho, a surpris par sa capacité à s’équiper et son sens tactique face à l’armée congolaise, aux Maï-Maï et aux rebelles burundais des Red Tabara.

Mahoro Peace Association (MPA), qui regroupe des membres de la diaspora banyamulenge aux USA, offre une aide humanitaire à la communauté dans les hauts plateaux du Sud-Kivu. Soupçonnée de soutien aux Twigwaneho, la structure est dans le viseur du FBI et des services de sécurité congolais.

Selon Kinshasa et Washington, l’aide humanitaire de la MPA s’est accompagnée, depuis 2019, d’un appui financier secret qui aurait permis à Makanika de réorganiser le contingent Twigwaneho, l’équiper et le doter d’un véritable état-major militaire. Ce que conteste la MPA.

La MPA percevrait autour de 40000$/mois de la part de ses adhérents, ce à quoi s’ajoutent les sommes collectées par un réseau de mutualités banyamulenge en RDC, en Afrique et dans le monde.

Les enquêteurs s’intéressent notamment au profil de ses cadres dirigeants, pour beaucoup vétérans de la lutte armée dans l’est de la RDC, et à leurs relations avec certains responsables politiques congolais.

Ils estiment que près d’1,5 million $ ont pu transiter, depuis 2020, jusqu’aux hauts plateaux du Sud-Kivu via un réseau vaste et opaque. Certains intermédiaires ont pu être identifiés.

Conscientes et inquiètes de la porosité existante entre les troupes de Makanika et celles du M23, les autorités congolaises surveillent de très près les campagnes de recrutement menées par les Twigwaneho dans les camps de réfugiés banyamulenge.

Licencié en Sciences de l’information et de la communication. Journaliste, rédacteur et reporter spécialiste des questions politiques. Journaliste spécialiste en culture et Fact-checker