L’ancien Ministre des relations avec le parlement, Tryphon Kin Kiey Mulumba l’a soutenu publiquement dans une interview accordée à la Radio télévision nationale congolaise : «On a trop personnalisé l’accord de la CENCO sur la personne de Tshisekedi. Maintenant que Dieu nous l’a repris… cet accord n’a plus aucune légitimité… La MP peut aller au plus vite aux consultations populaires». Connu pour ses sorties médiatiques fracassantes, Tryphon Kin Kiey Mulumba a encore une fois réfléchi tout haut. Peut être plusieurs autres cadres de la Majorité Présidentielle sont d’avis avec lui. Une vision des choses qui s’écarte de la phase politique dans laquelle se trouve actuellement la RDC.

Etienne Tshisekedi était porteur des aspirations du peuple congolais qui se déclinent en une envie constante de voir l’instauration d’un régime politique en RDC qui soit, non seulement démocratique mais aussi capable de si pas supprimer, réduire sa pauvreté, sa souffrance, son taux de chaumage exacerbé et pourquoi pas accroître son PIB qui clôture la liste de ceux du monde entier. Ces maux constituent les mots à partir desquels les congolais construisent des phrases pour exprimer leur désir d’assister à un changement de système.

Le combattant pour la démocratie a fini son séjour sur terre, cependant, ce qu’il a combattu durant la majeure partie de sa carrière politique ne partira pas avec lui dans son sépulcre. La pauvreté, le chômage, l’injustice l’insécurité vont rester rongeant encore la société congolaise après Etienne Tshisekedi. La décision du peuple congolais à lutter contre une classe dirigeante qui lui plonge dans la misère a montré plus d’une fois que les congolais n’avaient plus des limites dans la quête de l’assurance de sa survie.

2015, la rue boude le chef de rue

Etienne Tshisekedi était pour plusieurs congolais un mythe, un sage, un monsieur qui savait tout ce qu’il disait, faisait à tel enseigne que ses adeptes croyaient même en ses erreurs. Mais pour l’une des rares fois, les congolais, principalement les kinois ont dit NON à l’appel à la retenue du sage de la dixième rue de Limete, pour combattre au prix de leur sang, l’alinéa 2 de l’article 8 de la loi électorale présentée à l’assemblée nationale par le Ministre de l’intérieur de l’époque, Evariste Boshab et votée par les députés nationaux.

A cet instant précis, le patron de l’Union pour la démocratie et le progrès social désapprouve les marches initiées par la Dynamique de l’opposition et appelle les acteurs sociopolitiques à se mettre autour d’une table de discussions pour résoudre la crise électorale, et baliser le chemin des prochains scrutins. Sa voix lourde n’a pas pu peser aux oreilles des manifestants. Seul le retrait de l’alinéa 2 de la loi électorale à partir du Sénat est parvenu à calmer la rue enflammée. L’échec du projet de la loi électorale en 2015 a sans doute révélé au monde jusqu’où le peuple congolais était capable d’aller dans son combat.

La résolution 2277, un autre obstacle au référendum en RDC

Le 29 mars 2016, le conseil de sécurité des Nations Unies tenu par les cinq puissances détentrices du veto ont affirmé leur volonté de maintenir la paix en RDC sans laquelle la Région des Grands sombrera dans le KO. Cette résolution qualifiée de dicta a attribué, ou presque, le pouvoir de la police aux éléments de la Monusco pour assurer sa présence sur terrain afin d’éviter en période électorale les dérapages du pouvoir congolais.

En outre, la même résolution a interpellé les acteurs politiques congolais de la majorité et ceux de l’opposition à dialoguer pour organiser les élections dans le respect de la constitution congolaise. En faisant une sorte de substitution de la Police nationale congolaise (PNC) par les forces onusiennes et en évoquant le respect de la constitution qui sont des questions relevant de la politique interne de la RDC, le conseil de sécurité des nations unies s’est clairement montré indisposé à laisser l’exécutif congolais conduire les choses comme bon lui semble.

Cet organe des Nations Unies qui pourtant est resté observateur sur les révisions constitutionnelles congolaise et rwandaise fait un suivi particulier de l’évolution de la situation politique en RDC, en martelant constamment sur l’alternance au pouvoir. La conférence vidéo qu’il a eu avec les Evêques catholiques, médiateurs des négociations du centre interdiocésain de Kinshasa, est une preuve parlante de l’impatience du conseil de sécurité à récolter les fruits de sa démarche initiée depuis bientôt une année.

Le référendum en RDC, une utopie ?

Etienne Tshisekedi n’était pas le seul à résister à la continuité ad vitam aeternam du régime en place avec à sa tête, Joseph Kabila Kabange. Sa mort fragilise sans nul doute l’opposition qui se structurait progressivement autour de lui. Par contre, elle ne laisse pas un boulevard dégagé à la Majorité présidentielle, une route sur laquelle elle pourra rouler à vive allure vers un référendum. La pression extérieure est encore plus pressante. La Conférence épiscopale du Congo garde encore son plan B au frais, pour l’appliquer en cas d’échec des pourparlers en cours. Un contexte dans lequel le référendum semble de plus à une chimère.

Les congolais jouent le rôle d’observateurs pour le moment, regardant le jeu développé entre les politiciens, en compagnie des acteurs de la société civile. L’accord du 31 décembre 2016 est cette eau fraîche déversée sur l’hostilité « yebela- wumela ». Si les politiciens se décidaient de saper l’accord de la Saint-Sylvestre, ils devront d’ores et déjà compter sur l’ingéniosité des congolais à inventer des slogans les plus fous pour exprimer leur hostilité face à cet acte.

Alors que les Léopards enregistraient des succès à la CAN, les congolais ont défini autrement les 3 consonnes du sigle RDC : Rendez-vous Dominical pour la Chicotte. Quelques minutes après l’élimination de l’équipe de Florent Ibenge en quart de finale par le Ghana, ces congolais ont redéfini la RDC comme étant le Retour avec Décision à la CENCO. Avec le compromis signé par la majorité et l’opposition le 31 décembre dernier, la route qui conduira la RDC à l’alternance se construit jour après jour. L’autorité morale du parti politique créé récément, Kabila Désir, qui désire voir Joseph Kabila rester le plus longtemps possible au pouvoir grâce au référendum devrait s’en mordre les doigts. Le peuple congolais qui pleure Ya Tshitshi, veille également sur son destin.