Dans une interview exclusive accordée à KINSHASATIMES.CD, le coordonateur national de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) se déclare fatigué des négociations interminables… Une prise en otage de toute une nation selon lui par les politiques réunis depuis plus d’un mois au Centre interdiocésain, sans issue profitable, alors qu’ils ne représentent même pas la majorité des Congolais. Pour Jonas Tshombela les politiques sont là à discuter pour des intérêts égoïstes. «Alors, nous disons si d’ici le 16 février, rien n’est fait, nous serons dans la rue», dit-il.

Le voici dans cette introduction d’interview qui sera bientôt décryptée pour vous.

Kinshasatimes.cd : Vous comptez organiser une marche le 16 février prochain. Pourquoi ?

Jonas Tshombela : La raison est simple. On est fatigué des négociations interminables. Des prises de positions de la classe politique de notre pays, des négociations directes qui du reste, sont restées bloquées et nous estimons qu’on ne doit pas indéfiniment nous prendre en otage par un groupe de gens qui ne représentent même pas la majorité de la population pour des raisons égoïstes, qui n’ont rien à faire de l’avenir du pays, ni celui de chaque Congolais. On ne doit pas nous garder en haleine, jusqu’où ca va aller… Alors nous disons que si d’ici le 16 février, rien n’est fait, nous serons dans la rue, nous allons nous assumer et Dieu seul sait comment on va s’assumer. Parce que ce jour là même une seule personne, même moi-même, qui vous parle je serai dans la rue.

KT : Qu’est-ce que vous reprochez exactement à la classe politique réunie dans les négociations autour des évêques de la Cenco?

JT : C’est ce blocage ne se justifie pas. On ne doit pas quand-même faire arrêter la vie d’une nation à cause des individus qui disent que pour avoir un premier ministre, qui du reste, ne va pas résoudre le problème du social des Congolais, on doit nous donner trois ou cinq candidats, mais l’accord parle d’un premier ministre et non des candidats de premier ministre. Donc, on s’enferme dans une logique linguistique qui n’a pas d’impact sur la vie quotidienne des Congolais. Ça ne peut pas durer indéfiniment. C’est un blocage artificiel que nous ne pouvons plus supporter. On nous a amené dans une situation telle qu’on n’a pas eu des élections en décembre dernier tel que prévu par la loi mère. Maintenant nous nous mettons dans une logique où on perd la légitimité et qu’on ne peut gérer que par un compromis politique, qui du reste est déjà trouvé. Mais au moment de l’appliquer on veut embrouiller le peuple qui souffre. Là, nous venons déjà de perdre un mois… Après ceux qui vont mourir, c’est toujours des citoyens ordinaires. Alors nous, on craint d’en arriver jusqu’à ce point, à l’affrontement, pour que la même classe politique arrive à manipuler la même population. Alors pour qu’on nous arrête, nous pensons que c’est notre manière de nous exprimer pour faire pression à ces acteurs politiques, qui ont décidé indéfiniment de nous mettre dans une situation d’impasse, où il n’y a pas de solution. C’est comme si la vie de tous les Congolais devait dépendre d’eux alors que ça dépend de Dieu….

KT : Vous pensez qu’initier une marche serait la solution au problème ?

JT: Nous ne recourons qu’au moyen légal. Nous n’avons pas des armes et nous ne prendrons jamais des armes. Nous n’utilisons que le moyen que la Constitution nous donne. C’est la rue, c’est notre manière de protester contre ce qui est en train de se faire. Nous ne sommes pas d’accord.

KT : Mais pourquoi vous n’allez pas vers eux, à la Cenco où ils discutent ?

JT : Vous pensez qu’ils sont inconscients dont les Congolais souffrent ? Vous estimez qu’ils sont inconscients de la situation à Beni, à Kananga… ? Ils savent. C’est intentionnel. C’est délibéré. Qu’est ce qu’il faut encore dire si les grands de ce monde ont tourné autour d’eux et ils n’arrivent pas à comprendre. Le seul grand qui les manque, c’est la population congolaise. En en tout cas, il faut qu’elle s’exprime. Toute la population n’ira pas les voir. Elle s’exprimera à sa manière et nous sommes un mouvement citoyen. Nous comptons sur cette population. Même à deux personnes, nous allons marcher ce jour-là s’il n’y a pas un compromis d’ici le 16 février.

KT : Et s’il n’y a toujours pas de compromis après votre initiative?

JT : Au moins, ça sera un message qui sera parti…. Mieux vaut dire et ne rien garder, que de garder du silence. Nous, à ce stade, nous estimons que nous sommes en train de parler et nous parlons à des hommes qui ont des frères et sœurs, qui souffrent comme nous. Alors, ils doivent comprendre. S’il n’y a toujours pas de solution, je pense au moins le message est passé et nous verrons quelle autre stratégie à mettre en place jusqu’à ce qu’il y aura une solution. On ne les coince pas, nous ne cherchons pas aller au pouvoir, mais nous cherchons que les choses redeviennent normales. Car, on ne peut pas réduire la vie de toute une population aux seules aux élections. Nous avons le social, la santé, l’éducation qui sont du reste oubliées au profit de la classe politique, qui du reste depuis 1960 à nos jours, ne nous a jamais donné le sourire. Et donc, aujourd’hui, c’est trop.

KT : A quoi faites-vous allusion lorsque vous parlez du blocage, à la Cenco, à la Majorité ou au Rassemblement ?

JT : Nous parlons de la classe politique. La classe politique est dans la majorité. Elle est dans l’opposition. Et la Cenco est une structure qui nous a facilités pour qu’on arrive à ce compromis. Donc, les deux camps ont pris tout un peuple en otage. Ils ne parlent même plus des élections, ils ne disent même plus que d’ici la fin de l’année, on aura des élections. Ils parlent de leur positionnement dans le gouvernement. Ils ne voient plus que comment chercher l’argent pour aller aux élections alors que s’ils étaient réalistes, ils pouvaient laisser cette transition être gérée par la société civile comme ça eux se préparent pour les élections et on organise pour eux les élections. Quand on avait fait cette proposition, ça nous a couté cher. Ils ont même refusé que l’on puisse participer à ce dialogue. Ils ont refusé même que ça soit un élément de solution qu’ils doivent intégrer dans les textes, toutes tendances confondues. Il y a un problème de recherche de fonds pour aller aux élections… Donc, la population congolaise doit être éveillée et c’est maintenant qu’elle doit se réveiller. Nous ne faisons que notre travail de communiquer ce qu’ils cogitent dans le silence.

KT : De plus en plus l’on parle du Plan B qu’aurait la Cenco. Vous y croyez ?

JT : On en train de chercher à justifier ce que l’on ne peut pas justifier. On en train de faire croire à la population que la Cenco a échoué. Et ceux qui font croire ça, c’est la classe politique. Mais quelle est la solution qu’ils ont proposée depuis 1960 jusqu’à présent ? Il y a eu des élections organisées dans ce pays, mais si on a pas réussi à organiser les élections dans cinq ans, est-ce -qu’on va les organiser dans une année ? Déjà-là, nous sommes dans un cas ou d’ici la fin de l’année, il est fort probable, je doute fort qu’on ait organisé les élections cette année à cette allure. Parce qu’ils ne parlent plus des élections. Tous parlent de leur positionnement dans le gouvernement. Ils cherchent leur positionnement dans le gouvernement. Aller dans les états-majors des partis politiques pour voir l’agitation, pour voir ce qui se passe et ça se passe pendant que la population elle-même ne sait rien de ce qui se passe là-bas. Quand ca ne marche pas, ils viennent vers la population, quand ça marche, ils se taisent. Personne ne communique. Qu’est ce qui bloque ? Ils se jettent maintenant des balles, mais savent à quel jeu, ils jouent. Il y a un problème de survie politique des uns et des autres. Et les uns et les autres cherchent les moyens pour aller aux élections sachant que les élections sont couteuses. Nous, nous sommes maintenant en train de chercher des électeurs

de qualité et des élus de qualité. Nous travaillons actuellement sur des électeurs de qualité. Nous voulons avoir des élus de qualité. Qu’ils ne pensent pas que c’est l’argent qu’ils vont envoyer à la population. Cette fois-ci, ils vont tenter dans certains coins où nous passerons et ça sera difficile de passer par l’argent.

KT : Qu’est ce que vous auriez souhaité dire au cours de cet entretien que nous n’avez pas dit ?

JT : J’appelle la classe politique de notre pays à se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. Ceci veut dire, de se dépasser, surmonter leurs ambitions au nom de ceux qui souffrent. Ce n’est pas le 30 personnes qui sont à la Cenco, qui ont pris tout un peuple, 70 millions d’habitants, qui vont nous bloquer. La disqualification aussi existe. De quelle manière va-t-elle venir ? Dieu seul sait. Et nous les avertissons que l’on ne peut pas indéfiniment contraindre quelqu’un dans une situation difficile et y rester longtemps. Ca peut céder. La souffrance a des limites. Il n’y a pas qu’eux qui ont droit à la vie, les pauvres aussi ont droit à la vie. Travaillons la main dans la main pour l’intérêt du Congo, tout en observant nos divergences, qui du reste, ne devraient pas être divergences nous divisant. Nous avons perdu plus de vies, notre ennemi est bien connu, c’est la faim, le chômage, la misère, c’est l’état des route. Voilà nos ennemis. Nous sommes en train d’affronter les faux ennemis. Ils ont oublié, qu’ils retournent aux vrais ennemis que je viens de citer.