Dans son adresse lors de la 91ème réunion du conseil des ministres vendredi 17 mars, le président de la République Félix Tshisekedi a martelé sur l’urgence de revoir le contrat signé le 22 avril 2008 entre la République démocratique du Congo et le groupe d’entreprises chinoises constituées par China Airways Corporation et Synohydro.

Dans le sens d’un rééquilibrage des avantages visant à garantir les intérêts de la RDC dans l’exploitation de la Sicomines SA, Félix Tshisekedi a alors demandé à son cabinet de réunir toutes les parties prenantes pour préparer les éléments qui figureront dans les discussions avec le partenaire chinois lors des travaux de la commission mixte prévus très prochainement.

Félix Tshisekedi a souligné le caractère inquiétant de cette situation désastreuse tant pour le développement du secteur minier, qui a été jusqu’à présent le moteur de la croissance économique de la RDC en raison de sa diversité de types.

« Les minerais sont extraits pour répondre à une forte demande mondiale mais les valorisations commerciales au processus d’exportation n’inclut pas une grande valeur ajoutée et autrement en raison de la lenteur du dynamisme couramment rencontrée dans le programme de construction d’infrastructures dont la RDC a désespérément besoin pour développer son potentiel humain et économique », a-t-il dit.

L’Inspection générale des finances (IGF) avait dénoncé dans un rapport le caractère déséquilibré du « contrat chinois » que la Chine a conclu en échange de l’exploitation des ressources minérales, pour construire des infrastructures dont ce pays a désespérément besoin depuis l’indépendance.

La partie chinoise s’est engagée, à travers un consortium d’entreprises chinoises (GEC), à construire 3 500 km de routes, plusieurs km de voies ferrées, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres médicaux. Le tout pour un montant estimé à 6,5 milliards de dollars et en échange de concessions minières en RDC et de prêts à l’État congolais.

Dans ce rapport, l’IGF a mis en avant des décaissements importants aux entreprises chinoises implantées en RDC, mais des investissements très faibles dans les infrastructures au profit du pays. Elle a noté plusieurs cas de déséquilibre dans l’accord qui ont été décrits comme « le contrat du siècle ». A titre d’illustration, l’IGF note ce qu’il considère comme un « petit investissement d’infrastructure »

Toujours selon le rapport, la Sicomines (Société sino-congolaise des mines), la coentreprise rassemblant la société minière publique congolaise Gécamines, et, pour 68% du capital, les firmes Sinohydro Corp et China Railway Group a mobilisé pendant 14 ans des financements d’un montant total de 4,471 milliards de dollars et n’a consacré que 822 millions de dollars au financement de travaux d’infrastructures, soit 18,38% du financement total mobilisé.

L’IGF évoque qu’il n’y a pas eu de surveillance sérieuse des investissements de ses partenaires chinois et des revenus générés par la coentreprise Sicomines. Dans le cadre de l’accord avec Sicomines, les investisseurs chinois se sont engagés à dépenser 3 milliards de dollars dans des projets d’infrastructure, mais l’IGF demande maintenant à la Chine d’investir 17 milliards de dollars supplémentaires pour rééquilibrer l’accord signé avec la RDC en 2008.

Licencié en Sciences de l’information et de la communication. Journaliste, rédacteur et reporter spécialiste des questions politiques. Journaliste spécialiste en culture et Fact-checker