La pandémie du coronavirus qui sévit dans le monde depuis son épicentre de Wuhan en Chine en décembre 2019 cause un impact sanitaire mondial majeur. Mais pas que. La pandémie induit des perturbations économiques dont l’impact se fera sentir à long terme après qu’elle aura été vaincue (espérons-le dans les plus brefs délais). L’Afrique et particulièrement la RDC n’en seront pas épargnées.

Ci-dessous mon analyse en six points des effets néfastes de covid19 sur l’économie congolaise.

Réduction drastique de la manne minière

La Chine est le premier partenaire économique de la RDC. L’Empire du Milieu en effet absorbe, à lui seul, plus de 90% du cuivre et du cobalt congolais. Ce secteur est le principal pourvoyeur des recettes au budget congolais (environ 20% du budget 2020). Or les prévisions les plus optimistes annoncent une croissance économique de 2.9% en Chine pour 2020, la plus faible que la deuxième économie du monde ait enregistrée depuis 1990. En termes simples, la Chine va acheter/consommer moins de notre cobalt et cuivre. La manne minière va se réduire, induisant un déficit qui pourrait devenir structurel pour l’économie congolaise. Notre budget de $11 milliards, déjà à la baisse de moitié, subira une nouvelle réduction. Notre maigre croissance aussi.

Risque d’inflation aiguë

Deux causes induiront l’inflation aiguë, au-delà de 5% actuellement projeté. D’une part, l’économie congolaise est extravertie : elle produit ce qu’elle ne consomme pas et elle consomme ce qu’elle ne produit pas. La fermeture des frontières imposée par coronavirus perturbe déjà les circuits d’importation. Plusieurs biens d’importation devenant rares, leurs prix vont naturellement augmenter. D’autre part, le déficit budgétaire résultant de la baisse de recettes minières pourrait tenter le gouvernement à financer ce déficit par les avances de la Banque Centrale en faisant tourner la planche à billets. Ce qui gonflera la masse monétaire en circulation sans une contrepartie en production nationale. Les ménages les plus économiquement vulnérables qui constituent la majorité de la population congolaise, seront les premiers à en faire les frais.

Creusement de la dette intérieure

Le coronavirus va contraindre le gouvernement congolais à recourir aux opérateurs économiques nationaux pour la fourniture de certains biens et/ou services, vu que l’approvisionnement à l’international pourrait être difficile dans le contexte de la pandémie. Avec la réduction des recettes budgétaires, les factures de ces fournisseurs risquent de ne pas être payées immédiatement. Ce qui gonflera une dette publique dont le taux de remboursement n’a été que de 14% en 2019. Les avances de la BCC faisant également partie de la dette intérieure, et vu que la BCC sera certainement amené à financer le déficit, la dette intérieure ne fera que se creuser. Si vous êtes fournisseur local, soyez prudent de traiter avec l’état dans ce contexte.

Perte du dynamisme entrepreneurial

Le climat des affaires congolais qui est resté délétère depuis plusieurs années (selon le classement Doing Business du pays) va sombrer avec une baisse drastique de la demande/consommation. Nombreuses des PMEs congolaises, fonctionnant en majorité sur un cash-flow fragile, risquent de mettre la clé sous le paillasson. Définitivement pour certaines.

Quasi-suicide du secteur informel

Employeur de plus de 77% des congolais et pourvoyeur de revenu à plus de 90% des ménages de la RDC, le secteur informel de l’économie congolaise constitue l’épine dorsale de la survie. Or le fonctionnement de ce secteur est fondamentalement social et dicté par la mobilité humaine (urbaine et rurale). La distanciation sociale imposée par le coronavirus virus, si elle est strictement appliquée, condamnera presqu’au suicide ce secteur. Et avec lui les ménages qui en dépendent. La ville de Kinshasa est la preuve vivante d’une ville qui vit au présent.

Montée en flèche du chômage

Avec la baisse de la consommation, la faillite éventuelle de plusieurs PMEs, le renvoi en congé technique et peut-être définitif de plusieurs employés, le taux de chômage congolais actuel de 70% grimpera en flèche. S’en suivra une pauvreté sévère d’une population déjà pauvre.