Depuis plus de deux décennies, la situation de l’instabilité à l’Est de la République démocratique du Congo demeure. Les partenaires de la paix sont eux-mêmes les principaux suspects, les populations innocentes sont tuées, pillées et violées pour des intérêts des pays voisins. Faut-il toujours dialoguer avec ces mêmes partenaires ?

 

Cette question ranime les débats à Kinshasa notamment, après les conclusions de la tournée “Amani” de Vital Kamerhe, proche du président Tshisekedi dans les régions en détresse et en proie à l’insécurité. Ces désastres sont causés principalement par des groupes armés sous-traités par des pays voisins.

Or avant l’avènement comme pendant le régime actuel, plusieurs démarches ont été entreprises pour régler à l’amiable et pacifiquement cette situation qui déstabilise la région la plus riche du pays en ressources naturelles.

En dépit des dialogues, mini-sommets, rencontres bi ou tripartite, une série de tête-à-tête et même des accords signés, rien ne prend corps, les mêmes détracteurs changent des stratégies pour amplifier l’instabilité dans cette région à leur profit.

Nini to sali té?

 

Comme la chanson à succès du groupe musical MPR, les congolais sont dans le droit de se demander “Nini to salité”(qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? en français) Le feuilleton de l’insécurité en Ituri dans le Nord Kivu et d’autres régions de l’Est de la RDC, change de tournure du jour au lendemain.

Dès son entrée en fonction en tant que président de la République, Félix Tshisekedi s’est rapproché corps et âme, même si cela n’était pas du goût de tous, de celui qu’il a même appelé frère, Paul Kagame pour dompter les forces négatives qui passent par lui pour déstabiliser la RDC, mais il en a été payé par la monnaie de singe.

Comme si cela ne suffisait pas, les deux chefs d’Etat ont signé en juin 2021, trois accords commerciaux, dont l’un porte sur l’exploitation de l’or. Mais l’homme fort du pays des milles colline remercie son voisin par le soutien du Mouvement du 23 mars pour attaquer le Nord Kivu.

Deux provinces placées sous état de siège, plusieurs réaménagements au sein du commandement de l’armée, le gouvernement se démêle comme il peut pour en finir mais il n’obtient toujours pas ce qu’il recherche.

Par contre, les familles se déplacent tous les jours pour fuir les attaques, le nombre des innocents tués grimpe du jour au lendemain, la cité de Bunagana toujours sous contrôle de l’ennemi. La paix semble être encore loin.

Lorsque le Pacificateur s’invite dans le processus de paix

 

Originaire de ce coin, le “pacificateur”, comme l’appel ses intimes, Vital Kamerhe a choisi les régions de l’Est pour amorcer son come-back dans le podium des meetings politiques, avec le seul objectif: travailler pour que la paix y retourne. Celui-ci venait d’être acquitté par la justice dans une affaire de détournement de fonds.

L’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat a vécu la résurgence du M23 en prison, lui qui est même allé à la porte de la ville contrôlée par ce mouvement rebelle sans être inquiéter, présente ce rebelle comme l’œil du cyclone dans un triangle de trois pays, l’Ouganda, le Rwanda et la RDC.

 

Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) pense qu’un dialogue “franc” arriverait à résoudre définitivement ce problème. D’où vient une telle conviction au moment où le pays est en position de faiblesse pour aller sur la table de dialogue ? Pour certains analystes, le Pacificateur serait de mèche avec les ennemis de la République. D’autres ne partagent pas cet avis “puisque rien ne le lie directement avec le groupe rebelle”disent-ils.

Discuter en position de faiblesse ?

 

Pour d’autres observateurs, la RDC doit prendre l’option de faire la guerre aux rebelles et aux pays qui les soutiennent pour revenir dans ses droits. Noel Tshiani, ancien candidat à la présidentielle de 2018 est de ceux qui sont de cet avis.

« Le M23 est un groupe terroriste rwandais. On ne dialogue pas avec des terroristes qui ont pris Bunagana par les armes et qui veulent dialoguer avec la RDC en situation de faiblesse pour exiger leur inclusion dans nos institutions. Cessons de cajoler nos ennemis et prendre des étrangers pour nous représenter et nous diriger en marchant sur nos cadavres ! Bunagana est tombé sous le contrôle du M23 pendant que la RDC dialoguait avec les rebelles à Nairobi », a-t-il rappelé.

Pour rappel, en 2012, alors que le M23 faisait des ravages au Nord Kivu contrôlant même la ville de Goma chef-lieu de cette province, les dirigeants africains ont tenu des réunions pour discuter et trouver des solutions au conflit. De nombreuses négociations ont eu lieu entre les présidents ougandais, congolais et rwandais. Cela n’avait produit aucun résultat à l’époque.

Il fallait attendre l’offensive des forces armées congolaises avec l’appui de l’ONU pour mettre en déroute ce groupe ignoble et obtenir enfin sa défection à la suite d’un accord signé la queue entre les pattes à Nairobi. L’histoire ne semble pas loin de se répéter.