Contrairement à d’autres femmes du monde qui ont célébré la journée internationale des droits des femme (JIF) dans la joie, les femmes survivantes des violences sexuelles, réunies au sein du Mouvement national des survivant(e)s des violences sexuelles ont saisi cette occasion pour interpeller, une fois encore les autorités congolaises, sur le traumatisme et les stigmatisations dont elles sont victimes au quotidien dans leurs communautés respectives.

A Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu où elles se sont rassemblées pour parler de leur situation, ces dernières ont projeté le Film « SEMA », qui parle des stigmatisations dont sont victimes les femmes survivantes et leurs enfants issus du viol.

Ce film dont la quasi totalité d’acteurs est constituée des survivantes des violences sexuelles, retrace ce que ces femmes ont connue et que continuent de connaitre comme calvaire. Elles regrettent, plusieurs années après de continuer à vivre la stigmatisation dans leurs communautés, alors que leurs bourreaux circulent sans librement, sans être inquiétés.

« Nous sommes ici nombreuses. Nous sommes venues comme d’habitude pour comprendre ce qui doit-être fait pour que nous survivantes des violences soyons protégées, et éviter d’être victimes chaque jour. Le 8 mars c’est un grand jour pour les autres, mais ce jour ne devra l’être pour nous que quand nous serons totalement sécurisées et mises à l’abri du viol », a laissé entendre madame Philomene Machara, une des femmes survivantes.

Pour cette dernière, l’Etat congolais devrait tout faire pour que cette catégorie des femmes vivent comme tant d’autres, et bénéficier de l’accompagnement sur tous les plans.

« L’Etat doit nous garantir la sécurité de sorte que nous autres nous puissions commémorer cette journée comme les autres femmes. Du côté de la justice, vous verrez que plusieurs d’entre nous ont jusque-là du mal à aller vers les instances judiciaires pour la simple raison, qu’elles n’ont pas d’argent pour payer les frais d’assistance. L’Etat congolais doit comprendre que la victime des violences sexuelles a aussi besoin de l’assistance et de la protection. Il doit nous accompagner psychologiquement, juridiquement, mais aussi financièrement pour avoir accès un traitement égale comme toutes les autres femmes. Faire en sorte que, lorsque nous rentrons dans nos milieux respectifs, nous ne puissions plus faire objet des discriminations », a-t-elle insisté.

Colette Mwendanga Nankafu, coordinatrice provinciale du Mouvement national des survivantes des violences sexuelles au Sud-Kivu, elle pense que la journée internationale de la femme n’est pas seulement celle du port des pagnes.

« La journée internationale de la femme n’est pas seulement le port des pagnes. Ce qu’on a fait aujourd’hui, le fait de montrer aux femmes leurs droits c’est déjà important. Tout ce que nous demandons à nos autorités, c’est le respect de nos droits. Pour nous les survivantes, ce que nous demandons que nous ayons réparation. Le Dr Mukwege s’est résolument engagé sur cette question mais ça ne devrait pas être son travail. En principe c’est le travail de l’Etat congolais. Donc nous demandons que l’Etat congolais fasse plus pour nous. Qu’il s’implique pour notre situation. Cela nous est arrivé mais ce n’était pas de notre propre volonté. Nous voulons être considérées », a soutenu Colette Mwendanga Nankafu.

Pour elle, son mouvement en projetant ce film, vise à sensibiliser les gens sur la lutte contre les violences, mais également lutter contre l’impunité. Madame Colette Mwendanga Nankafu croit à la fin des violences sexuelles en RDC. Ce qui doit requérir l’engagement et l’implication des autorités.

« En projetant ce film, beaucoup des personnes ont l’idée de ce qui a été et qui continue à être fait. Parce que du jour le jour, il y a des violences. Nous voulons renforcer à travers ce film, la sensibilisation pour qu’un jour cessent les violences sexuelles. Dans ce film il y a la réalité des histoires que les victimes ont vécues. Chacune des victimes a raconté son histoire. On veut montrer à nos autorités ce qui s’est passé pour qu’elles prennent conscience de ce qui est arrivé aux victimes. Parce que vous verrez que les autorités nous abandonnent en quelque sorte, mais avec ce film nous voulons les stimuler à agir. On sent que l’autorité s’est impliquée par des paroles mais la situation est restée la même. On ne sent pas l’action de l’autorité » a martelé la coordinatrice de cette structure.