Joint au téléphone par la rédaction de KINSHASATIMES.CD, Jonas Tshombela, coordonnateur de la nouvelle société civile s’est exprimé à propos de  l’ombre qui persiste sur les crimes commis au Kasaï, ombre qui demeure encore après les contradictions des rapports de groupes d’experts des Nations Unies présentés au conseil de sécurité le mercredi 16 août 2017.

Deux rapports de l’Onu sur la crise au Kasaï ont été présentés au conseil de sécurité des Nations Unies hier, mais il est à remarquer quelques contradictions dans leur conclusion.  Pourquoi d’après vous?

Cela démontre mieux la confusion qu’il y a autour de cette crise. La crédibilité de ces différents rapports est sujette à caution. Il est maintenant question que des experts  réellement indépendants puissent nous aider à attester la véracité de l’un ou l’autre rapport. Il faut revoir cela  avec d’autres experts parce qu’apparemment il y a quelque
chose qui n’a pas fonctionné lors de ces enquêtes.

Remettez-vous par là la crédibilité du travail fait par les deux équipes de l’Onu ?

Je pense qu’une révision de ces rapports nous éclairera plus sur le travail que les experts des Nations Unies  ont dû faire. Ces deux rapports ne rassurent personne à ce stade, d’où nous sommes d’avis qu’il sied de revoir l’une ou l’autre hypothèse présentée par les deux
documents.

Une mission de l’Onu constitué de trois experts sera dépêchée en septembre prochain pour une enquête non indépendante comme souhaité par le conseil des droits de l’homme lors du tout dernier sommet à Genève, mais une enquête conjointe menée par les  Nations-Unies et la justice congolaise. Quelle est l’importance de cette nouvelle mission
?

L’idéal pour nous est qu’il faudrait qu’on ait une enquête réellement indépendante pour nous éclairer sur ce qui est arrivé à nos compatriotes dans le Kasaï. 80 fosses communes c’est quand même énorme. Il faut que l’on sache qui a fait quoi, au nom de qui. Le
gouvernement ne nous permettra jamais de savoir réellement ce qui s’est passé. Mais avec ces enquêtes conjointes nous redoutons aussi la manipulation qui conduira aux contestations une fois les nouvelles conclusions publiées.

Certaines autorités congolaises ont été citées comme «instigateurs» des quelques tueries dans cette crise. Est-ce une voie vers la fin de l’impunité décriée maintes fois?

L’un des objectifs des enquêtes au Kasaï c’est aussi la lutte contre l’impunité. A ce niveau les gens qui ont été cités jouissent de leur présomption d’innocence. Il faut maintenant que la justice nationale ou internationale puisse s’impliquer pour vérifier différentes allégations faites sur ces responsables politiques. Mais ce qui nous inquiète est que nous connaissons des nombreux rapports dans lesquels des autorités congolaises ont été citées mais les suites deviennent mystérieuses. Donc on peut bien citer des noms pour calmer les esprits
mais après les victimes restent souvent sur leur soif  à cause de cette marque d’impunité qui est consacrée en mode de gestion dans notre pays.

Donc il faut compter sur la justice internationale ?

Notre justice doit nous démontrer le contraire. Prouver que la justice internationale ne vaut pas plus qu’elle. La RDC ne devrait même pas compter sur la justice internationale parce que notre pays est victime de l’injustice et l’indifférence internationale avec ses millions de
morts tués à l’Est mais cette communauté internationale est restée insensible. Là avec 80 fosses communes nous sommes en phase d’un génocide mais la justice nationale comme internationale semblent insensibles. C’est ça notre inquiétude. Toutes ces victimes dans
l’espèce Kasaï ne savent où viendra réparation.