Il ne reste plus que onze mois pour arriver aux échéances électorales, prévues officiellement au mois de décembre 2017 selon l’accord de la Saint Sylvestre. En ce moment où les regards sont braqués sur le sablier électoral, Pierre Kangudia Mbayi, le ministre d’Etat en charge du budget, a bien voulu éclairer la lanterne de l’opinion sur l’état des lieux des finances publiques. Mieux, sur l’enveloppe budgétaire qui permettra de financer les différentes opérations électorales en vue.

C’est dans ce contexte que le ministre d’Etat a tenu sa toute première conférence de presse hier mercredi 15 février au salon bleu de l’hôtel du Gouvernement. Au menu, l’état des lieux des finances publiques, la stratégie de collecte des fonds pour élargir l’assiette des recettes et l’élaboration du projet de budget 2017.

«Il est difficile que nous puissions mobiliser 1.800.000.000 dollars américains pour organiser les élections en 2017. Je suis réaliste. C’est impossible au regard des prévisions et des recettes disponibles, quelle que soit la personne qui viendra. Mais, je n’ai pas dit qu’il n’y aura pas d’élections en cette année», a lâché le ministre Pierre Kangudia face à un parterre de journalistes.

Au regard des données chiffrées fournies par l’autorité budgétaire lors de la conférence de presse, la tenue des élections, dont le budget est estimé à 1.800.000.000 dollars américains, semble déjà hypothétique en cette année, si des mesures urgentes ne sont pas prises. La sonnette d’alarme est donc tirée. Plus par un technocrate, préoccupé par la gestion concrète des recettes et des dépenses publiques, que par un politique qui se contente de fredonner le refrain populaire.

«A notre avènement, nous avons trouvé une casserole trouée»

«A notre avènement, depuis l’investiture du Gouvernement Samy Badibanga le 23 décembre 2016, nous avons trouvé une casserole trouée – allusion ici faite au Trésor public. Le déficit rencontré était de 512 milliards de francs congolais. Au fil du temps, nous avons réussi à réduire ce déficit à 503,9 milliards de francs congolais, en pratiquement une semaine. Aujourd’hui, le solde enregistré en janvier 2017 est de 5,9 milliards de francs congolais. C’est ce qui explique à ce jour la stabilité constatée sur le marché de change», fait remarquer le ministre d’Etat.

Vu donc la modicité des ressources disponibles et pour une gestion adéquate des dépenses publiques en cette période particulière, Pierre Kangudia Mbayi estime qu’il est nécessaire de reconduire chaque mois le crédit provisoire de 557,7 milliards de francs congolais jusqu’à l’adoption du budget annuel de 2017.

Lenteur dans l’élaboration du projet de budget 2017

A cet effet, le ministre d’Etat a déploré la lenteur manifeste des agents mobilisés pour l’élaboration du projet de budget 2017. Il a promis de s’impliquer davantage pour faire pression sur la commission chargée d’élaborer ce projet ainsi que sur bien d’autres animateurs d’institutions et intervenants, dont le concours sera nécessaire pour que cette proposition de la loi des finances soit prête avant la session parlementaire de mars.

Face aux charges de l’Etat en cette période sensible de transition, le ministre congolais de budget juge opportun de peaufiner des stratégies susceptibles d’augmenter les ressources du Trésor public. «Nos propositions visent à augmenter des pressions fiscales qui sont aujourd’hui de l’ordre de 10%, alors que, dans d’autres pays, elles oscillent autour de 20%… Nous sommes dès lors tenus d’élargir l’assiette des recettes. Et pour ce faire, il faut miser plus sur le recouvrement qui fait encore défaut dans notre pays», a indiqué le numéro un du Budget.

Compter plus sur des efforts internes

A ce propos, l’autorité budgétaire a fait comprendre à l’assistance qu’il convient à ce jour de compter davantage sur des efforts internes pour assurer la mobilisation des recettes plutôt que de trop miser sur l’aide extérieure.

Au terme de son intervention, le ministre d’Etat a fait état de la disponibilité de la ligne de crédit de 500 millions de dollars américains, destinée à financer les projets d’agriculture en République démocratique du Congo, notamment dans le domaine de pêche. Il s’est étonné de voir que très peu sont des compatriotes qui osent postuler, alors que des fonds publics sont à leur portée.