Investi président de la République depuis le 24 janvier 2019, mais le premier gouvernement sous son ère intervient après sept mois des négociations entre son camp politique et celui de Joseph Kabila, l’ancien président. Ce retard fait refléter en Félix Tshisekedi l’image de son père, Etienne Tshisekedi, celui que l’on surnomma « Monsieur Non ». Ce gouvernement intervient, après qu’il ait dit « non », à plusieurs noms repris sur la liste FCC. Félix Tshisekedi n’a pas courbé l’échine face aux propositions des ministrables de l’aile FCC.

Félix Tshisekedi est le fils d’Etienne Tshisekedi, l’ombrageux opposant qui a tenu tête à tous les pouvoirs en RDC, de Mobutu à Kabila, on compte quatre décennies. Simple rafraîchissement de mémoire à ce qui l’aurait oublié. Tshisekedi père était du genre intransigeant, difficile à convaincre, à rouler, et à amadouer politiquement. C’est le même caractère que Félix Tshisekedi dégage pendant ce sept mois au top job de la RDC.

En coalition avec le Front Commun pour le Congo, aile majoritaire au parlement, Félix Tshisekedi refuse un premier ministre ténor de cette plateforme. Il impose son veto, et obtient gain de cause. C’est finalement Sylvestre Ilunga Ilunkamba, une éminence grise du FCC, moins connu du public qui prend la tête de la primature congolaise. Une figure qui n’a pas suscité des débats houleux dans les rues de la capitale, Kinshasa, encore moins dans les réunions des « parlementaires débout», de l’UDPS. Premier but de Fatshi.

Gouvernement sans les « sous sanctions »

Tout comme son père, Félix Tshisekedi dégage l’image de quelqu’un qui ne se soumet pas humblement aux diktats. Alors que d’aucuns s’attendaient voir un gouvernement plein des gens du sérail de la Kabilie, c’est autre chose que l’on a perçu, dès la sortie du gouvernement, à l’aube du lundi 26 août 2019. Un gouvernement avec 76,9% des ministres qui n’ont jamais été membres du gouvernement auparavant.

Force est de constater aussi l’absence surprenante de tous les caciques du Front Commun pour le Congo (FCC) pressentis ministres, en dépit des sanctions internationales pesant sur eux.

On peut nommément citer Kalev Mutond, l’ancien chef de service de renseignement (ANR), Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Evariste Boshab, ancien ministre de l’intérieur, Lambert Mende, ancien porte-parole du gouvernement sont notamment les personnalités sous le coup des sanctions européennes depuis le mois de mai 2017 jusqu’à ce jour. Elles sont accusées par l’Union européenne de violation des droits de l’homme en République démocratique du Congo.

Renouveler la classe politique à 76,9% est un grand « pari gagné » de Félix Tshisekedi, qui prouve tout comme son père, son intransigeance dans des négociations politiques.

Tout comme dirait Sun-tzu, le général chinois du VIème siècle (Av. J.-C), stratège militaire, dans son ouvrage « l’art de la guerre » : «Savoir choisir le bon moment pour combattre et le bon moment de ne pas combattre ». Félix Tshisekedi a su tirer les négociations en longueur pour gagner la bataille en fin de compte.

Soyez en sûr, si Etienne Tshisekedi (le père) était président de la république, en situation de coalition avec le FCC, le gouvernement Ilunkamba aurait entendu la fin de son quinquennat pour son investissement au parlement. Et il gagnerait à 99,9%.