Le phénomène devient viral. Vu au départ comme un «truc des blancs», aujourd’hui la sextape a envahi l’Afrique. Il est même devenu un phénomène de mode dans certains pays. En République démocratique du Congo, étudiants, élèves, hommes politiques, hommes de média et curieusement… plus d’un homme de l’église se seraient déjà adonné à cette pratique.

La curieuse tendance apparait vers la deuxième moitié des années 2000. Une vidéo fait particulièrement le buzz. Prépubères et adolescents possédant des téléphones portables multimédias (un gadget prestigieux à l’époque) en raffolent.

Les «origines» en RDC

Le film de plus de cinq minutes montre deux jeunes (homme et femme) en plein activité intime dans une pièce. Leur étonnante conversation dans la vidéo confirmera sans doute que ce sont des kinois. L’accent du lingala parlé balayera tout doute sur cette affirmation. Si ceux qui connaissent les deux jeunes gens les ont sûrement bien reconnus, il y a eu pour ceux qui ne le connaissent pas beaucoup des spéculations. Ce seraient des étudiants d’un établissement d’enseignement supérieur de Kinshasa. Deux établissements seront particulièrement cités. La fermeture pour des raisons cocasses des homes (résidences des étudiants se trouvant dans les campus universitaires) d’un des ces institutions lèvera le voile sur la vraie origine des deux tourtereaux.

Quelques mois après, c’est la vidéo d’une élève qui fera le tour des téléphones portables. Le nom de la fille (mineure à l’époque) dont le visage était très visible et son école seront cette fois là cités. Le «bourreau» n’est visible sur la vidéo que par son appareil reproducteur mâle.

Depuis ces années, plusieurs autres sextapes sont sorti de la sphère privée de leurs auteurs en RDC. Des moins aux plus célèbres, des peu authentiques (fake) aux plus évidents, l’apparition dans le domaine public de ces vidéos à Kinshasa ne surprend plus que le temps d’un feu de paille.

L’élite s’en mêle En 2016,

Un membre du gouvernement a été démis de ses fonctions à la suite d’une vidéo « exhibitionniste » mise sur la place publique. Sur l’extrait le ministre est en plein séance de masturbation dans son bureau, sous le regard figé du chef de l’Etat sur une photo fixé au mur, et le drapeau tricolore de la RDC à côté. Le déshonneur de tout un Etat. Un ancien parlementaire a également fait son buzz après la fuite d’une vidéo le montrant en train de s’amuser avec ses bijoux de famille.

Le must en République démocratique du Congo reste jusque là (peut-être) cet enseignant des universités qui en 2014 a fait défiler plus de quatre filles sous ses projecteurs dans son bureau, un open-space qu’il transformait en lupanar. L’homme, marié, se serait enfui depuis ses aventures extraconjugales visualisées par des centaines des milliers de personnes.

Plus récemment, une vidéo attribuée à l’ancien ministre de l’industrie Germain Kambinga a fait beaucoup de bruits. Du bruit dans l’air car malheureusement, son authenticité reste encore à démontrer car on n’y voit rien qui justifierait que c’est bel et bien lui. Le «Macron congolais» peut mettre ça sur le dos de ses détracteurs qui chercherait à nuire à sa personne au vue de ses ambitions politiques. Face à ce scandale qui ressemble de plus en plus à un non-scandale, l’accusé peu s’en tirer sans laisser des plumes.

A l’église ?

Les hommes de l’église se seraient eux aussi mis au goût du siècle. Un pasteur célèbre, mais également l’époux d’une pasteure célèbre pour ses campagnes évangéliques en grande pompe et démonstrations prophétiques, se seraient aussi donnés en spectacle dans des vidéos. Des branleurs apostoliques. Peut-être. Une sextape est une vidéo érotique amateur destinée à un visionnage privé et souvent faite par des célébrités. La pratique est désormais prisée par tout quidam.

Prudence

Si au début le phénomène se répandait difficilement avec l’infrarouge et le Bluetooth des technologies surannées, aujourd’hui, les technologies de l’information et de la communication facilitent la rapidité de diffusion avec les réseaux sociaux de partage. Une vidéo intime tournée à des fins de consommation privée a plus de chance (jusqu’à 80%) de se retrouver sur la place publique. Cela peut se faire par inadvertance des détenteurs mais aussi (plus souvent) par règlement de compte entre partenaires. Prudence aux aficionados.