Quinze Bantous ont été tués jeudi dans une attaque attribuée à des Pygmées dans un village de la province de Tanganyika, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, théâtre de fréquents conflits communautaires meurtriers, selon des sources concordantes.

« Des affrontements entre Bantous et Pygmées dans le village de Piana-Mwanga ont fait 15 morts parmi les Bantous, 37 blessés et 65 maisons incendiées », a déclaré à l’AFP Mgr Vincent de Paul Kwanga, évêque du diocèse de Manono (sud-est).

« Il y a eu aujourd’hui une attaque attribuée aux Pygmées à Piana-Mwanga contre des Bantous, mais le bilan exact des personnes tuées n’est pas encore connu », a réagi le ministre provincial de l’Intérieur du Tanganyika Kamona Lumuna, interrogé par l’AFP.

« Une équipe sera dépêchée dès demain pour enquêter sur ce qui s’est réellement passé dans ce village », a ajouté M. Kamona joint au téléphone depuis Lubumbashi.

La société civile du Tanganyika a fait état de « 17 personnes tuées, 47 blessés et 65 maisons incendiées », selon son porte-parole Modeste Kubali. « Le village est vidé de sa population et les blessés sont abandonnés à leur triste sort ».

Les Pygmées de l’ethnie Twa cherchent à faire reconnaître leur droit à l’égalité avec les autres citoyens de la RDC, mais leurs revendications se heurtent régulièrement au refus des populations bantoues de l’ethnie Luba qui tiennent à les maintenir dans un état de citoyens de seconde classe.

Le dernier affrontement d’envergure entre les deux communautés remonte à la mi-octobre: vingt personnes avaient été tuées en trois jours d’accrochages provoqués par un désaccord sur le versement d’une redevance due par les Pygmées aux Bantous pour une récolte de chenilles.

Depuis décembre 2013, le nord du Katanga (région grande comme l’Espagne, morcelée en 2015 en quatre provinces dont le Tanganyika) est le théâtre de nombreux accrochages meurtriers entre Bantous de l’ethnie Luba et Pygmées de l’ethnie Twa.

Les tensions entre les deux communautés sont antérieures à l’indépendance de la RDC (1960).

Aujourd’hui, le mode de vie nomade des Pygmées, des chasseurs cueilleurs, est menacé par la déforestation, l’exploitation des mines et l’expansion des terres agricoles des Bantous.

La nouvelle flambée de violences entre les deux communautés a repris après une année d’accalmie, à la suite de médiations des autorités locales et de la mission de l’ONU en RDC (Monusco).

Fin septembre, à l’issue d’une longue procédure, la justice congolaise avait condamné quatre Bantous à 15 ans de prison pour crimes contre l’humanité, en lien avec ce conflit.

Kinshasa Times/AFP