La mesure de l’autorité provinciale portant suspension des activités commerciales dans les zones occupées par le M23, n’aurai été que de courte durée. 24 heures seulement après sa mise en place par l’autorité provinciale Constant Ndima Nkongba, la décision a été vite suspendue.

La soirée du jeudi 02 mars 2023, le gouvernement provincial a, dans un communiqué rendu public justifié sa décision par le fait que les rebelles du M23 ont profité de la réouverture de ces routes pour tirer à bout portant au niveau de Katale sur un chauffeur qui quittait le territoire de Rutshuru pour la ville de Goma.

Dans ce même communiqué lu à la presse par le porte-parole du gouverneur de province, le lieutenant colonel Ndjike Kaiko Guillaume précise que la mesure a été prise la veille sur demande des opérateurs économiques de la province pour atténuer la souffrance de la population due à la hausse des prix des produits de première nécessité dans la ville de Goma.

Un fait qui n’existe pas?

Dans sa communication, le gouverneur s’appuie notamment sur les exactions qui seraient commises à Katale par le M23/EDF sur ce chauffeur et sa marchandise. Des sources du gouvernorat affirment que le chauffeur a été tué et sa marchandise qu’il transportait pillé par les assaillants. Cependant, des sources de la société civile locale ne reconnaissent pas le fait. Le prétendu chauffeur décédé serait arrivé dans la ville de Goma et en bonne santé, avant la publication du communiqué de l’autorité provinciale.

Une mesure qui pouvait aider les rebelles à s’approvisionner en recettes?

En autorisant la circulation des biens et marchandises dans les zones sous contrôles des rebelles du M23, le gouvernement provincial a automatiquement autorisé aussi à cette rébellion de percevoir des taxes sur ces marchandises, s’inquiète la société civile du Nord Kivu.

Vicar Batundi Hangu, l’un des experts de la coordination de la société civile estime que dans les zones sous contrôle du M23, les transporteurs vont subir une tracasserie et seront soumis au paiement des taxes illégales pour les appuyer à financer la guerre qu’ils mènent contre la République. Et cet argent va aider à l’ennemi de financer la guerre et accroître leur mouvement.

Des tracasseries enregistrées dans la zone contrôlée par l’armée congolaise

Les premiers chauffeurs qui sont arrivés à Goma la journée du jeudi dénoncent les tracasseries dont ils sont victimes de la part de l’armée congolaise. Pour ces derniers, dans toutes les zones contrôlées par les rebelles, ils circulent librement sans être inquiété mais pour passer dans celles contrôlées par les Forces armées de la République démocratique du Congo, il faut payer entre 1000 et 20000 francs congolais. Les opérateurs économiques quand à eux estiment que la mesure devrait rester de mise pour éviter que la ville de Goma, privée de tout approvisionnement ne soit asphyxiée économiquement.

Dans son communiqué rendu public le 28 févier dernier, le mouvement du 23 mars ( M23) avait autorisé la circulation des biens et marchandises sans la moindre coût.