Niché au cœur de la commune de Bandalungwa, réputé pour ces grillades affriolantes, le premier bar à viande de Kinshasa a malheureusement mis la clé sous le paillasson au bout d’un an de fonctionnement. Et pourtant, Nyoma Choma avait réussi, en deux temps trois mouvements, à mettre en place un circuit d’approvisionnement en produits locaux, limitant les intermédiaires et profitant directement aux producteurs agricoles et maraîchers congolais.

Retour sur le parcours du Prince de la street food, dont la Covid-19 aura eu raison le temps du confinement en compagnie de Patrick Wassy, co-fondateur et un des 4 associés de Nyama Choma.

Ouvert fin 2018, Nyoma Choma s’est voulu un concept novateur qui s’est fixé le challenge de fournir les meilleures grillades de la ville dans un cadre cosy. Pari réussi puisqu’en seulement quelques mois, il s’imposait comme le premier bar à viande de la Ville et n’a pas tardé à faire carton plein. Son principal avantage sera de réunir en un seul point de vente toute la diversité des menus grillés : poisson, bœuf, chèvre, poulet mais aussi d’autres spécimens peu figurants dans les menus street tel que le crocodile.
Un concept communément rencontré en Afrique de l’Est, notamment au Kenya ; où l’appellation Nyama Choma s’apparente au fameux Nganda Ntaba qui pullule à travers la Capitale congolaise.

Bientôt, une équipe composée de 15 personnes s’est constitué aux cotés des associés, s’occupant de la préparation et du service des plats, de la caisse ou encore de l’approvisionnement du bar en produits de première nécessité ; directement fournis par des producteurs locaux.

En effet, il faut jusqu’à 400 Kg de viande de bœuf fraîche ou 80 Kg de porc par semaine pour faire tourner les fourneaux. Une aubaine pour la production locale, auprès de laquelle les légumes et autres condiments bio sont recueillis. Parmi les principaux fournisseurs, une coopérative agricole depuis Maluku, approvisionnait régulièrement le bar avec des aubergines, de la ciboulette, du céleri ainsi que des courgettes grâce aux maraîchères du terroir.

Une source de revenus aujourd’hui inaccessible, avec la fermeture du bar.

Autre spécialité servie, les saucisses en provenance de Goma, ou encore le poisson du fleuve Congo. Les recettes, en période pleine, variaient entre 800 000 et 1 000 000 FC en chiffre d’affaires journalier.
Une embellie qui offrait de nouvelles opportunités d’investissement, tel qu’un festival de grillades organisé du 28 au 29 septembre 2019 au Rond point Luputa, en face du bar à viande. Une manière de valoriser le savoir-faire de ces cordons bleus des fast food à la congolaise au terme d’un grand concours de grillade. Un projet palpitant mais qui n’a pas su mettre l’eau à la bouche des sponsors.

Et la descente commença…

Décembre 2019. Pour les premières fêtes de fin d’année dans un climat politique apaisé, les espoirs ont été grands. Cependant, cette période a été caractérisée par une surprenante morosité, affectant les prévisions du bar en termes de recettes. Une période difficile, qui a été suivie par un mois de janvier tout aussi bilieux, confirmant les appréhensions populaires qui font du premier mois de l’année le mois le plus long.

Puis vint l’exterminateur qui donna le coup de grâce : L’état d’urgence sanitaire décrété fin mars 2020. La cessation des activités a vite fait de plonger le bar dans une crise dont il ne se relèvera pas. Entre le loyer à 4 chiffres, les salaires, les taxes ainsi que les factures d’eau et d’électricité (déjà faramineuses avant la pandémie), Nyoma Choma a dû faire un repli stratégique pour mieux sauter le pas de la reconversion.

Car si aujourd’hui le premier bar à viande est fermé, du moins le concept continue la course grâce à sa reconversion en service de livraison à domicile.

Proposant des pack allant de 30 à 120 $, il est de nos jours possible de consommer les délicieuses grillades Nyama Choma.
Cette nouvelle formule ne garantit qu’entre 15 et 20 % du chiffre d’affaire journalier et n’a permis la reprise que du tiers des employés.

Mais l’aventure continue pour nos 4 associés qui espèrent que les jours difficiles sont désormais derrière eux, pour aborder de nouveaux challenges encore plus savoureux. Définitivement.