Comprendre l’histoire doit nous aider à affronter notre propre époque. Comme un pavé dans la mare, l’opinion publique congolaise a suivi la publication de l’ordonnance n° 23/042 du 30 mars 2023 fixant la liste des jours fériés légaux en République Démocratique du Congo parmi lesquels la date du 6 avril consacrée désormais Journée du combat de Simon Kimbangu et de la conscience africaine. Il était temps pour ainsi dire que l’entrée dans la légende de cette personnalité hors du commun, née à Nkamba le 1er septembre 1887, soit célébrée au plan national. Que d’ouvrages, d’articles, des colloques, d’émissions radiophoniques et télévisées sur sa vie !

Contrairement à une certaine opinion peu instruite, Simon Kimbangu n’était pas exclusivement un leader religieux. Au départ, Simon Kimbangu est un homme apparemment ordinaire qui a fait ses études à la mission protestante de Ngombe Lutete ; il devint catéchiste dans la communauté baptiste. Le mercredi 6 avril 1921 est considérée comme le début de sa mission prophétique, réalisant des guérisons diverses et développant un enseignement religieux de type nouveau, selon l’historien Isidore Ndaywel. Dans le contexte de son époque, il a osé dire : « Un jour, les Blancs deviendront des Noirs et les Noirs deviendront des Blancs ! ». Cette idée était profondément révolutionnaire. C’était un choc contre l’ordre colonial scélérat et injuste. Simon Kimbangu avait ses propres idées, ses propres combats.

Vraisemblablement, Simon Kimbangu fait partie de la grande lignée des héros et de hérauts de la libération panafricaine qui ont inspiré les nobles idéaux qui ont guidé des générations de panafricanistes dans leur détermination à promouvoir la dignité humaine et l’émancipation des peuples. Le destin a voulu qu’il soit arrêté le 12 septembre 1921, condamné à mort par le Conseil de Guerre de Thysville (Mbanza-Ngungu actuel)… comme s’il avait été un militaire !

Simon Kimbangu Kiangani, responsable Kimbanguiste serrant les mains du président Félix Tshisekedi. @Photo Droits tiers

Malgré que sa peine fut communiée en celle de servitude pénale à perpétuité par le roi des Belges, Simon Kimbangu sera relégué à la prison d’Elisabethville (actuellement Lubumbashi), où il demeura prisonnier pendant trente ans (le plus vieux prisonnier du monde ?) jusqu’à sa mort, le 14 octobre 1951. Du 6 avril 1921 à sa condamnation à mort le 3 octobre de la même année, sa vie publique n’a duré que six mois. Une vie pleine de bravoure, fière et digne, incorruptible et invincible, dont la stature surclasse celle de certains dieux, à travers le monde entier. A l’heure actuelle où les espérances placées dans certains gouvernants se sont fondus, il faut espérer que surgissent encore des hommes de la trempe de Simon Kimbangu.